J’ai choisi la vie et le bonheur

Voici un témoignage de Simone de Grenoble, paru dans le Partage de septembre 2021.

bonne lecture!

Depuis plus d’un an, nous vivons une période difficile, d’autant plus difficile que nous avions, pour la plupart d’entre nous, la chance d’avoir une vie plus qu’agréable et confortable sans souci de manque de produits de première nécessité et de soins de santé, sans problème de liberté de circulation, sans risque de conflit armé. Cette pandémie a grandement perturbé notre quotidien, nos projets, nos relations, notre travail. Ainsi, notre congrès est-il reporté.

Je suis emplie de compassion pour tous ceux qui subissent les conséquences néfastes et douloureuses de cette crise sanitaire : les malades, les familles endeuillées, les personnes isolées, les soignants surmenés, ceux dont le travail est impacté par les mesures préventives, ceux qui ont perdu leur emploi ou qui ne peuvent l’exercer et qui de ce fait se retrouvent en situation de grande précarité et dans l’incertitude sur leur avenir et celui de leur famille.

Quant à moi, j’ai vécu mon enfance pendant et après la Seconde guerre mondiale ? J’ai connu le couvre-feu très strict, les alertes aux bombardements suivies de l’attente anxieuse dans les abris, l’absence de produits essentiels, les restrictions alimentaires avec les tickets de rationnement, la raréfaction des déplacements à cause des sabotages des voies ferrées et des ponts, les contrôles d’identité, la difficulté de communication avec les proches car très peu de personnes avaient le téléphone, l’école à mi-temps, l’insécurité de l’avenir.

Plus tard, mon mari, mon frère, mes cousins, mes copains sont partis l’année de leurs vingt-ans pour une durée de douze à vingt-quatre mois, combattre, contre leur gré en Algérie. J’ai souffert de la séparation et surtout de la crainte de leur mort.

C’est donc avec une certaine relativité vis-à-vis des événements et avec sérénité que je traverse cette phase inédite, inhabituelle et troublante. Bien sûr, ne pas pouvoir serrer dans mes bras et embrasser ceux que j’aime est une grande privation, mais avec tous les outils technologiques dont nous disposons actuellement, je peux les voir et les entendre en direct quand je le souhaite et cela me réconforte. Je mets à profit ce temps qui nous est donné pour goûter et savourer chaque instant de la journée que j’accueille comme un cadeau. J’ai mis un frein à mon rythme de vie, j’accorde la durée nécessaire à chaque activité : mon travail domestique, mes moments de détente et de loisirs, ma relation aux autres (je téléphone souvent, je rends visite à mes amis), la prière, la méditation de la Parole. Ces confinements ont été pour moi l’occasion de faire le « tri » dans mon existence, d’élaguer, d’aller à l’essentiel, vers ce qui est source de vie. « Tout sarment… qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde afin qu’il en porte davantage encore. » Jn 15,2. « Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. » Jn 15,8.

Dieu m’a fait la grâce de me doter d’une bonne santé et d’un tempérament optimiste, j’ai tendance à voir le verre plutôt à moitié plein qu’à moitié vide, cela aide à aller de l’avant. J’essaie de suivre le commandement de Jésus : « lève-toi, prends ton gravat et marche ». Jn 5,8 (mon gravat étant mes questionnements, mes doutes, mes peurs, mes erreurs, mes faiblesses) « va en paix » Lc 8,48.

Pourquoi me lamenterai-je ? Le Christ a été crucifié pour nous, pour moi, il nous emmène dans sa Lumière, vers la Gloire du Père. Je suis habitée par l’espérance, puissiez-vous, chères amies de Renaissance, l’être aussi et vivre heureuses dans la Paix de Dieu.

Comme nous y invite Moïse : « Vois, je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. » Dt 30,15

« CHOISIS DONC LA VIE » Dt 30,19

Simone, le 6 mai 2021 Grenoble

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *