« Thérèse, le petit oiseau aux yeux et au coeur d’aigle divin « 

Enseignement de frère Bruno : « Thérèse, le petit oiseau aux yeux et au coeur d’aigle divin » délivré lors de la récollection des équipes R de la région Ouest à Lisieux le 18 juin 2022.

Plan :
- Introduction ; Pourquoi j’aime Thérèse
- 1°) ma vocation, : l’amour mon « filon d’or »  (sillon d’or) 
- 2°) la petitesse … : texte capital Ascenseur et combat de la foi
- 3°) réalisme et vie fraternelle : « Dieu me fit comprendre »
2 exemples : les sapins pour Noël et Soeur très désagréable
- 4°) son premier miracle : une rose en Italie

(la pagination indiquée dans ce compte-rendu est celle de l’édition du CERF « Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte-face : Histoire d’une âme. Manuscrits autobiographiques »)

- Pourquoi j’aime Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte face (la Passion),  la petite fleur de Jésus, roi d’Amour
* des raisons familiales (Thérèse née à Alençon, est venue avec sa nourrice chez l’arrière grand-mère de frère Bruno, cf lettre de Pauline)
* son réalisme en matière de vie communautaire : les difficultés de la vie fraternelle qu’elle évoque touchent au concret de ce qui est vécu en communauté (50 années de vie communautaire de frère Bruno)
* la simplicité de Thérèse : elle s’adresse à tous, elle est étonnante dans sa simplicité, elle porte un message universel . Aujourd’hui, elle attire les foules partout sur la planète .
* son abandon total à Dieu (sans retour, sans retard, sans réserve)
* son courage , à travers les difficultés : c’est une guerrière

Victor Sion, carme spécialiste de la spiritualité de Thérèse retient 3 éléments fondamentaux pour  la décrire et la comprendre : la confiance totale, le courage dans les épreuves et la joie.
Cf Victor Sion, « Le réalisme spirituel de Sainte-Thérèse de Lisieux », collection Foi vivante
(livre lu et fort apprécié par Pauline, sœur de Thérèse qui a rencontré Victor Sion)

- 1°) ma vocation, : l’amour mon « filon d’or »  (sillon d’or)
Jésus seul : l’aimer, se faire aimer. Thérèse a beaucoup cherché avant de trouver sa vocation :
« je compris que l’Église avait un cœur et que ce cœur était brûlant d’Amour » 
« je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations » 
« ma Vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation c’est l’Amour ! »
« Dans le cœur de l’église, je serai l’Amour , ainsi je serai tout ...»
cf manuscrit B, chapitre I, page 193  

- 2°) la petitesse … : texte capital Ascenseur et combat de la foi
« Me grandir, c’est impossible, il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. »
Thérèse se sert de sa petitesse comme tremplin : elle désire fixer l’Astre divin, elle a des désirs énormes de sainteté, « les aspirations de l’Aigle ».
Elle veut rejoindre le Dieu Trinitaire. « Ô mon Dieu, Trinité que j’adore... »
Thérèse fait une course de géant : rentrée très jeune au Carmel (à 15 ans), elle y retrouve sa sœur, mère supérieure du Carmel qui était très exigeante avec elle. 
Elle fait preuve d’une maturité étonnante, gravissant un mur jusqu’au ciel, jusqu’à la mort.
Elle traverse des épreuves difficiles, le combat de la foi : elle est plongée dans un sombre tunnel, la nuit du néant pendant un an, ne sachant plus si elle est croyante ou non, plongée dans un épais brouillard. Elle fait beaucoup d’actes de foi cette année-là.
Elle a aussi vécu des souffrances terribles, malade de la tuberculose, durant son agonie à 24 ans.

Sa foi est une croissance , un décapage : « je chante seulement ce que je veux croire »

La petitesse : cf Manuscrit C de Thérèse
Comment aller au ciel sans gravir les marches de la sainteté ? C’est Jésus qui viendra rejoindre Thérèse pour la prendre dans ses bras et l’emmener au ciel, c’est Jésus l’ascenseur vers le ciel.
Thérèse doit juste mettre son petit pied sur la première marche et regarder vers le ciel.
Elle doit rester petite et aimer sa petitesse : « aimer ma petitesse, ma pauvreté, dans une espérance aveugle ». 

La prière de Thérèse :
Pour Thérèse, la prière est un élan du cœur, un cri de reconnaissance, un simple regard.
N’ayant pas accès comme nous aujourd’hui à la Bible, Thérèse tire ses références bibliques des lectures faites à l’office :
Isaïe 66 « Ainsi parle le seigneur Dieu : Je vais faire couler la paix comme un fleuve… comme un fils que sa mère console… à cette vue, votre corps se réjouira »
Psaume 130 : « Comme un petit enfant contre sa mère, Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais. » 
Matthieu 11-25 : « Si vous ne devenez petits comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu », « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits . Oui Père, tu l'as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m'a été confié par mon Père »
	
Pour parler de la prière, Thérèse commence par parler longuement de renoncement à soi-même, d’humilité et de vie fraternelle comme préludes à la prière. Il faut descendre en soi dans le silence pour entendre une musique divine.
C’est un enseignement important pour nous : écouter c’est difficile...

- 3°) réalisme et vie fraternelle : « Dieu me fit comprendre »
2 exemples : les sapins pour Noël et Sœur très désagréable

les sapins pour Noël : Thérèse raconte comment elle fait exprès de laisser une autre sœur aller ouvrir la porte du Carmel pour prendre livraison des sapins car elle a compris que cette sœur avait très envie de le faire. Mais elle se fait réprimander par la supérieure qui pense que Thérèse a fait preuve de paresse et non de vertu. Thérèse en conclut qu’on ne doit jamais juger personne car on ne connaît pas ses intentions.

Sœur très désagréable :cf Manuscrit B, page 221
« Il se trouve que dans la communauté, une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables... je me suis dit que la Charité ne devait pas consister dans le sentiment mais dans les œuvres ; alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. »
La charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, elle ne doit pas rester enfermée dans le fond du cœur mais s’exprimer par des actes.

- 4°) son premier miracle : une rose en Italie

Un Carmel très pauvre et très endetté du Nord de l’Italie demande en prière l’intercession de Sainte Thérèse car une somme importante doit être trouvée pour lui permettre de continuer d’exister et de payer ses dettes. La supérieure du Carmel reçoit pendant la nuit la visite de Thérèse qui lui indique qu’elle trouvera l’argent nécessaire, et même davantage, dans une petite boîte.
Le lendemain, troublée par cette apparition , la Supérieure ose ouvrir la boîte et trouve l’argent nécessaire comme l’avait indiqué Thérèse.

Ce miracle a été recensé et validé par l’Église catholique après enquête pour la béatification de Thérèse. C’est le premier miracle attribué à Sainte Thérèse. Il y en aura beaucoup d’autres !
Mgr Guy Gaucher « je pourrais raconter par centaines les miracles de Thérèse »



Récollection Région Ouest à Lisieux 18 juin 2022: compte-rendu

Les équipes R de l’Ouest se sont retrouvées à Lisieux le 18 juin 2022 . Frère Bruno, aumônier de l’équipe R de Caen a fait 2 exposés sur la spiritualité de Sainte-Thérèse.

Un repas partagé a permis aux participantes d’échanger sur un mode détente et surtout joie de se retrouver après deux années sans rencontre régionale en raison du Covid19.

C’était également l’occasion de faire la connaissance de Philippe, nouvel aumônier de l’équipe R de Rouen.

Lors de cette journée, placée sous le signe de la canicule , la fraîcheur de la Basilique et la climatisation du centre d’accueil des pélerins ont été appréciées!

Photo de groupe: R région Ouest, Lisieux, 18 juin 2022

18 juin- rencontre des équipes R région Ouest

  • Les équipes R de la région Ouest se retrouvent à Lisieux le 18 juin :

Pour mémoire:

  • lieu et horaires de rencontre; salle 2 centre jean paul II (à côté de l’entrée de la Basilique)
  • de 10h à 17h00
  • pic-nic partagé
  • 2 interventions de frère Bruno sur Sainte-Thérèse
  • échanges
  • temps de convivialité
  • possibilité d’eucharistie au Carmel ou à la Basilique

Prière d’abandon – St Charles de Foucauld

L'Eglise célèbre le 15 mai la canonisation de St Charles de Foucauld. Avec la prière d'abandon du père Charles, prions le Seigneur pour tous les couples en souffrance et en particulier pour les femmes en rupture de couple.

 Prière d’abandon  (Charles de Foucauld)

Mon Père, je me remets entre vos mains ;
mon Père, je me confie à vous ;
mon Père, je m’abandonne à Vous ;
mon Père, faites de moi ce qu’il vous plaira ;
quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ;
merci de tout ; je suis prêt à tout: j’accepte tout ;
je vous remercie de tout ;
Pourvu que Votre Volonté se fasse en moi, mon Dieu,
Pourvu que Votre Volonté se fasse en toutes Vos créatures,
en tous Vos enfants tous, en tousVos enfants, en tous ceux que votre coeur aime
je ne désire rien d’autre, mon Dieu ;
je remets mon âme entre Vos mains ;  
je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon coeur,
parce que je Vous aime ,
et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
de me remettre entre Vos mains sans mesure ;
je me remets entre Vos mains avec une infinie confiance,
car vous êtes mon Père

St Charles de Foucauld

Prière d’accueil – AG du 14 mai

Texte de St John Newman

« Tout au long de notre vie, le Christ nous appelle. Il nous serait bon d’en avoir conscience, mais nous sommes lents à comprendre cette grande vérité, que le Christ marche en quelque sorte parmi nous, et par sa main, par ses yeux, par sa voix, nous ordonne de le suivre .
Or nous ne saisissons même pas son appel qui se fait entendre à cet instant même.
Il a eu lieu, pensons-nous, au temps des apôtres ; mais nous n’y croyons pas pour nous même , nous  ne l’attendons pas. Nous n’avons pas d’yeux pour voir le Seigneur, et en cela, nous sommes très différents de l’apôtre bien-aimé qui distingua le Christ alors même que les autres disciples ne le reconnaissaient point. »

Informations / AG du 14 et 15 mai

Suite à l'assemblée générale du mouvement qui s'est déroulée le 15 mai 2022 , la composition du bureau de Renaissance est la suivante:

- Corine Roos a accepté de prendre le poste de présidente, Régine Fermaut étant arrivée au terme de 2 mandats de 3 ans (non renouvelable)
- Isabelle Aubin accepte de renouveler pour 3 ans son mandat de trésorière nationale  
 - Claire Ravanel reste secrétaire nationale, et Sylvie Duc reste secrétaire nationale adjointe

Au sein de l'équipe nationale:
- le poste de responsable de la région Nord est vacant.
- Michele Durupt s'occupe de la revue Partage et souhaite vivement être épaulée pour ce travail. Il est vivement souhaitable de constituer un binôme, voire un trinôme (comme c'était le cas par le passé). Les volontaires peuvent se faire connaître !
  

AG des 14 et 15 mai 2022 – programme

Samedi 14 mai

13h30 Accueil 
14h30 -16h30 thème :  « Vivre en mouvement»   
3 axes : la communication, le mouvement, la vie d'équipe (ateliers)
16h30      Pause 
17h – 18h30 Mise en commun des ateliers 
19h Dîner des Régions 

Dimanche 15 mai

8h45 – 10h30 Assemblée Générale
Rapport moral , Rapport d’activité, Rapport financier
Élections (mandats à pourvoir : Présidente, Trésorière, Responsable régionale Nord)
11h Messe solennelle à la basilique
12h30	Repas
14h – 14h30 Réunion de l'équipe nationale et réunion de l'équipe Partage
14h30 – 15h30 Réunion en régions
16h  Fin du week-end

Congrès Ars 2021 – intervention de l’aumônier national de Renaissance

« La transfiguration »

... la transfiguration se fête le 6 août. On en trouve trois versions dans l’Evangile : Marc (ch. 9), Mathieu (ch. 17), Luc (ch. 9), évangile du 2e dimanche de carême tous les ans.

Dans Marc, c’est intéressant, car c’est juste au milieu de l’Evangile. Il s’est donc passé des choses avant et il s’en passera après. Ce qui se passera après sera fortement marqué par cet événement. Ce qui s’est passé avant reçoit une lumière de cet événement. Il nous faudra découvrir comment cela nous concerne.

La transfiguration, ce n’est pas encore la résurrection, mais ça en a la saveur. On découvre Jésus dans toute sa gloire. Ça ne se passe pas en catimini car il y a des témoins, de l’avant et aussi de la vie courante qu’ils mènent avec Jésus. Simplement pour manifester que la résurrection, ce vers quoi Jésus est en marche et avec lui, se construit au jour le jour. Il en est de même pour chacun d’entre nous.

La transfiguration, ce n’est pas un terme, une arrivée, mais une étape lumineuse. On a beaucoup parlé de la croix ; les exemples de la croix dans la vie sont bien évidents. On les perçoit chez nous mais aussi plus particulièrement dans la vie des autres. Mais c’est beaucoup plus difficile de trouver des moments de lumière. Ce n’est qu’après un temps de relecture qu’on peut dire qu’il y avait un moment de lumière. Les visages de découvrent tout autre, et ça c’est très commun : les disciples d’Emmaüs St Luc (ch. 5, 15-32) « notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin». (Mais en chemin, ils ne l’avaient pas reconnu).

Jacob dans la Genese : toute la nuit il lutte avec quelqu’un, ce n’est pas simple ni facile. Il en ressort tout boiteux. Cela le marque à vie. Quelle est sa relation après, quand l’individu s’en va ? Vraiment Dieu était là et je ne le savais pas.
C’est aussi notre propos de pouvoir dire : « Dieu était là, et je ne le savais pas ». 
La transfiguration c’est le milieu de l’Evangile, juste après la première annonce de la passion que Jésus fait à ses disciples, une annonce qu’ils ont très mal supportée. Parler du mal et de la mort, ce n’est pas forcément bien reçu (Pierre dit : « jamais Seigneur cela ne se fera ». Jésus répond : « passe derrière moi Satan »).

Après la transfiguration, il y a une deuxième annonce de la passion. Avant et après, il se passe la même chose. C’est bien la vie qui continue. La transfiguration, c’est un moment heureux. Les disciples qui sont là (Pierre, Jacques et Jean) disent : « c’est bien qu’on soit ici au-dessus de la montagne. Dressons trois tentes, une pour Moïse, une pour Elie et une pour toi », mais Jésus n’est pas d’accord. Il leur faut redescendre de la montagne où a lieu la transfiguration et retrouver le fil de la vie ordinaire avec ses ombres et ses lumières. Dans cette vie ordinaire, Jésus continue d’être là avec eux. Encore faut-il qu’ils prennent bien conscience de ce qu’il est. La transfiguration les a-t-il éclairés à ce point ? Ce n’est pas sûr. Tant qu’on ne sera pas au matin de Pâques, ils auront encore du chemin à faire pour découvrir qui est Jésus.

Pour nous, n’y a-t-il pas des événements, des personnes qui ont été lumière pour nous, des gens qui nous ont éclairés ? Etre capable de relire ce que je vis à faveur de cet événement.
Sur la route, cette lumière que l’on découvre n’est-elle pas la lumière de la foi ?
Sur la route, ils continueront de trouver la croix, mais aussi ces instants de lumière. Il ne faut gommer ni l’une ni l’autre. Ce sont deux versants de l’existence qui construisent notre humanité. Sur la montagne, Jésus est avec 3 disciples. Ce sont des événements où nous ne sommes pas seuls. La chance d’une communauté.

C’est peut-être la chance d’être dans un mouvement, d’avoir une équipe. C’est la raison d’être du mouvement. C’est la chance d’être inséré dans une histoire. Moïse et Elie sont morts depuis longtemps, mais c’est une histoire qui est une histoire sainte. Ce qui veut dire aussi que notre histoire actuelle est aussi une histoire sainte.
Il y a tout un chemin qui nous est proposé qui est un chemin spirituel et notre vie n’est-elle pas le premier lieu spirituel que nous avons à habiter ? C’est le cœur de la foi chrétienne.
Si Dieu ne s’était pas fait homme en Jésus, nous ne serions pas là. Importance de l’incarnation, importance de la vie humaine. Dieu a tant aimé le monde. Ce n’est pas un monde rêvé, c’est notre monde tel qu’il est.
Dans notre monde, il y a cette présence qui nous est manifestée par d’autres, par des instants de lumière. Instants où cette lumière rejaillit sur les événements que nous avons vécus. Tous ne sont pas forcément totalement noirs, mais il peut y avoir cette étincelle qui éclaire tout. Comme disait St Paul, « tout est grâce », mais la grâce, faut-il encore s’arrêter pour pouvoir la nommer.

C’est aussi la chance de ce mouvement. En équipe, on s’arrête, on fait une relecture de ce qu’on a vécu, les autres apportent un éclairage sur ce qu’on a vécu. Cette relecture n’aide -elle pas à prendre une nouvelle orientation ?
Sur la montagne avec Jésus, ils étaient 5 finalement. Les autres disciples n’étaient plus les mêmes en redescendant. Ce qu’ils ont vécu les ont profondément marqués. Il leur faudra encore un temps pour percevoir la profondeur de ce qu’ils ont vécu.
N’est-ce pas là la démarche du chrétien ? Marcher à la suite de Jésus, c’est le propre du chrétien. Le chrétien est d’abord un pèlerin toujours en mouvement à la suite du Christ. On trouve toute une cohérence entre ce que nous vivons et ce que nous lisons dans l’Evangile. Les saints n’ont rien fait d’autre que de trouver cette cohérence entre l’Evangile et de ce qu’ils ont fait de leur vie. 

L’Evangile continue de s’écrire. Il y a beaucoup de gens dans le monde qui lisent la bible, très peu sont croyants. Pour beaucoup, c’est d’abord avoir un livre, un livre sacré. 
Comment dire que c’est la parole de Dieu si ce n’est dans une démarche de foi ?
Comment dire que c’est une parole de Dieu si elle ne vient éclairer notre vie et vient nous aider à avancer ? Pour arriver à dire cela, on ne peut pas le faire seul.
Il y a ce qu’on entend le dimanche dans les commentaires de l’écriture. Il y aussi des partages d’Evangile où chacun peut dire « voilà ce que ce texte veut dire pour moi ».

Congrès Ars novembre 2021 – 2ème enseignement

Enseignement sur "Regarder le serpent de bronze" largement inspirée d’une retraite donnée aux consacrés à Gap en septembre 2016  par le père  Emmanuel Gobillard

Introduction
Nb 21,4b-9 : En chemin, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Egypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! » Alors, le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! » Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !

1 – L’élévation sur la Croix, source de Vie dans la Bible 
- Za 12,10 : Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils feront une lamentation sur lui, comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement, comme on pleure sur un premier-né.
- Za 13,1-2 : Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure. Il arrivera, en ce jour-là, -oracle du Seigneur de l’univers-, que je retrancherai du pays les noms des idoles : on n’en fera plus mémoire. Je chasserai aussi du pays les prophètes et leur esprit d’impureté.
- Jn 19,34-37 : Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Ecriture : aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Ecriture dit encore : ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé.
- Jn 3,13-17 : Nul n’est monté au ciel sinon celui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
 - Méditation sur Nb21
Extrait d’une retraite donnée aux consacrés à Gap – septembre 2016 P. Emmanuel Gobillard
Le peuple d’Israël, qui se plaint beaucoup, est trop centré sur lui-même et ses difficultés, ne voit les choses que par le petit bout de la lorgnette et manque cruellement d’espérance ; c’est chacun d’entre nous. Nous avons reçu de merveilleux cadeaux de la part du Seigneur qui nous poursuit de son amour et nous ne les voyons pas. Dieu nous aime infiniment, il ne fait que nous aimer, il fait tout contribuer à notre bien et nous passons à côté.
Les hébreux, certes, souffrent parce qu’il fait terriblement chaud, parce qu’ils ont faim et soif, parce qu’ils ont quitté leur petit confort, leur nid douillet, leur télévision et leurs charentaises, leurs amis et leur métier, leurs désirs d’une belle carrière en Egypte, leur vie culturelle et sociale, les concerts et les dîners mondains. Comme chacun d’entre nous, ont dû quitter bien des choses pour aller à l’aventure. Finalement, ils ont réalisé leur rêve, si bien exprimé dans le livre du prophète Osée (2,16) : « je t’emmènerai au désert, je parlerai à ton cœur ». C’est le même désert, mais il n’a plus la même saveur. Alors qu’au début ils contemplaient les grands horizons, le vent grisant, aujourd’hui le même vent brûlant est agressif, le désert devient monotone et chaud, la faim et la soif se font ressentir. Au début, ils avaient soif, ils avaient faim, le vent était déjà chaud, le désert était déjà désertique mais ils se perdaient dans les yeux du bien aimé. Ils étaient amoureux ! Ils ressentaient presque physiquement l’amour de Dieu pour eux. Ils étaient heureux parce qu’aimés, parce qu’ « ivres d’amour ». Que se passe-t-il aujourd’hui ? Ils ne ressentent plus cet amour ! « J’ai contre toi que tu as perdu l’ardeur de ton premier amour » nous dit Jésus dans l’Apocalypse 2,4. Leur cœur est desséché et ils ont perdu l’espérance.
Dieu les aime toujours, il les aime peut-être même, si c’est possible, davantage ; mais surtout, Dieu leur apprend petit à petit à aimer. Avant, ils aimaient surtout et peut-être sans le savoir, pour ce que Dieu leur donnait. Ils aimaient ressentir l’amour. Ils aimaient peut-être Dieu davantage pour eux-mêmes que pour lui. Ils avaient le souci de réussir leur vie, de répondre à leur vocation, de devenir des saints. Aujourd’hui, Dieu veut que nous renoncions à tout cela ! Oui, vous avez bien entendu : Dieu veut que nous renoncions, y compris à notre désir de devenir des saints. La seule raison de l’amour, c’est l’amour lui-même. J’aime l’autre, non pas pour ce qu’il me donne, pour ce qu’il m’apporte ou ce qu’il me fait ressentir. Je l’aime pour lui-même. Je ne l’aime pas pour être heureux, je l’aime pour lui-même parce que mon seul bonheur, et je le sais au fond de moi, c’est d’aimer gratuitement sans autre motif que l’amour lui-même.
Certes, l’homme et la femme sont faits pour le bonheur, mais à trop fixer le bonheur, on en oublie d’aimer et donc on en oublie d’être heureux. D’ailleurs comment je sais que je suis heureux ? Je suis heureux lorsque je n’y pense même pas. Si je me tâte le pouls en permanence pour savoir si je suis heureux, c’est bien que je ne le suis pas ! Ou que je cherche à l’être davantage. Je vous souhaite une vie pleine, une vie exaltante, une vie remplie, dans laquelle vous n’aurez même pas le temps de vous poser la question du bonheur tellement vous serez tendu vers votre objectif : aimer ! Oh vous ne penserez pas à Jésus en permanence, vous n’aurez même pas conscience d’aimer. Vous serez même très occupées à vos tâches quotidiennes. Oui, vous vous donnerez dans les choses les plus simples, dans les tâches les plus humbles, dans les rencontres les plus improbables. Le vrai bonheur se fait oublier ; on aime dans l’action, pas dans l’imagination.
Donc, pour en revenir à notre texte, les hébreux ne voient que les petites contrariétés de leurs vies et ils se plaignent de tout. A force de se plaindre de toutes les petites contrariétés de notre vie, nous n’arrivons plus à gérer les grosses difficultés, les vraies souffrances. La grosse souffrance qu’ils vont devoir gérer se manifeste par ces serpents à la morsure brûlante, à la morsure mortelle. Je ne vais pas m’y étendre mais derrière le serpent mortel, vous voyez bien qu’il y a le péché qui se manifeste dans tout ce que j’ai exprimé précédemment, dans ce repli sur soi mortifère qui nous détourne du vrai Dieu et de sa douce providence. Donc les serpents sont mortels, et les hébreux se tournent vers Dieu, enfin, pour lui crier leur souffrance, pour lui demander de les sauver : « Nous avons péché en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ».
Ils prennent conscience, dans les difficultés, de leur péché, du fait qu’ils n’étaient pas auparavant dans la vérité, qu’ils s’égaraient. Dieu répond toujours au cœur qui se tourne vers lui.  Le premier mouvement de la conversion, c’est ce cri de l’aveugle-né : « Seigneur, sauve-moi ! » C’est aussi d’une certaine manière un acte d’adoration l sans toi je ne peux rien, tu es la source de mon être, de ma vie. Sans toi, je n’existe pas, sans toi ma vie n’a pas de sens. L’adoration, c’est reconnaître que nous dépendons totalement de Dieu. Pour répondre, Dieu a besoin de ce cri, ce cri par lequel s’exprime notre besoin de lui. C’est un acte d’humilité. Les hébreux lancent donc leur cri au Seigneur par l’intermédiaire de Moïse. Soit dit en passant, l’intermédiaire ici, loin d’appauvrir la démarche, l’enrichit. J’utilise les moyens que Dieu lui-même a mis à ma disposition, je lui fais totalement confiance en me fiant à l’Eglise. La miséricorde de Dieu passe par les médiations que lui-même a choisies. C’est parfois très humiliant, c’est donc le signe que nous agissons avec humilité.
La réponse de Dieu est stupéfiante : « Tu veux que je te délivre des serpents ? Eh bien, pour te délivrer des serpents, je te donne un serpent. » (cf Co 5,18-21 : Dieu a pour nous identifié le Christ au péché). Nous nous attendions tout naturellement à ce que le nous propose un remède, un sérum anti-morsure. Il guérit le mal par le mal ou plutôt il nous propose de changer notre regard sur ce que nous considérons comme un mal pour nous. Surtout, il nous invite à regarder le mal en face, à le nommer, à ne pas détourner le regard. Tout ce que la providence met sur notre chemin est une preuve supplémentaire de l’amour de Dieu pour nous. (cf. Sg 16,5-10). Pour grandir, nous devons juste être capables de dire en vérité : « tout est grâce » ! « Seigneur, dans ta providence tu as mis sur mon chemin telle difficulté, telle souffrance, telle blessure. Mon premier réflexe serait de m’en débarrasser ou même de vouloir que tel événement, telle souffrance, tel péché n’ait jamais existé ». Bien sûr c’est impossible qu’un évènement n’ait jamais existé, pourtant nous agissons comme s’il n’avait jamais existé, au point parfois de le gommer de notre mémoire, de tout faire comme si cette blessure n’était rien, comme si cette jalousie que j’éprouve à l’égard de telle personne n’était pas importante, comme si j’étais capable d’oublier telle contrariété, telle phrase humiliante, tel ennui de santé, telle blessure psychologique, alors que c’est sur cette souffrance que Jésus veut me sanctifier. « Lorsque tu es faible, c’est alors que tu es fort ! » (cf. 2 Co 12,10).

2 - L’Eglise ne cesse de se construire sur des blessures, depuis le début. L’église est fondée à la croix. 

Elle trouve sa source dans le cœur blessé de l’Agneau. Le point de départ de l’Eglise, c’est la blessure du cœur. La question que Jésus pose à chacun d’entre nous est la suivante : « Quelle est ta blessure, quelle est la blessure de ton cœur pour que j’y construise l’Eglise ? Pour que je t’ouvre à la fécondité, une fécondité qui peut être très cachée, même à tes propres yeux mais une fécondité réelle et d’une puissance que tu n’imagines pas, la puissance de mon amour, si ta blessure est offerte, si ta blessure est traversée par la grâce, si ta blessure devient mystérieusement, dans le mystère de la croix, ma blessure ». Nous en avons peur, bien sûr et nous voudrions que le Seigneur passe plutôt par nos qualités ou nos talents pour faire grandir l’Eglise. Rassurez-vous, il le fait aussi, mais seulement après avoir touché nos blessures. Quelle grâce ce texte du serpent d’airain ! Il nous ouvre à une espérance indéfectible, il nous empêche d’être tourné vers le passé, vers nos péchés et nos difficultés, mais il donne un sens à tous les événements que nous croyons subir alors qu’ils nous sont offerts pour notre bonheur, au-delà de tout ce que nous pouvons en comprendre.
Devant Dieu, nous avons le devoir de la vérité. Nous devons être vrais devant Dieu et devant nous-mêmes. Ne nous voilons pas la face, nous sommes pauvres, faibles, vulnérables et c’est en cette pauvreté que nous devons puiser la richesse ; en notre vraie pauvreté, pas dans cette fausse pauvreté dont nous nous parons parfois pour éviter d’avoir à affronter la vraie pauvreté.

3 – Avec le pauvre et saint Curé d’Ars L’homme est un pauvre qui a besoin de tout demander à Dieu !

Conclusion : 
Jn 20,20 Je voudrais qu’ensemble, avec simplicité, nous présentions au Seigneur nos pauvretés. Il y en a parmi vous certains qui ont des pauvretés cachées, uniques, très personnelles et il ne s’agit pas de les faire connaître aux autres. Je souhaite que vous les fassiez connaître à Dieu qui les connait déjà. C’est peut-être vous qui les connaissez mal ! Je n’ai aucunement le désir de réveiller des souffrances ou de susciter une émotion débordante ; je veux juste que vous compreniez en vérité que ce travail de guérison, de vérité est nécessaire. Il s’agit juste de laisser Jésus donner une fécondité à ces blessures. La première étape c’est de les regarder, paisiblement, de les accepter humblement et de les offrir généreusement.