Congrès Ars 2021 – intervention de l’aumônier national de Renaissance

« La transfiguration »

... la transfiguration se fête le 6 août. On en trouve trois versions dans l’Evangile : Marc (ch. 9), Mathieu (ch. 17), Luc (ch. 9), évangile du 2e dimanche de carême tous les ans.

Dans Marc, c’est intéressant, car c’est juste au milieu de l’Evangile. Il s’est donc passé des choses avant et il s’en passera après. Ce qui se passera après sera fortement marqué par cet événement. Ce qui s’est passé avant reçoit une lumière de cet événement. Il nous faudra découvrir comment cela nous concerne.

La transfiguration, ce n’est pas encore la résurrection, mais ça en a la saveur. On découvre Jésus dans toute sa gloire. Ça ne se passe pas en catimini car il y a des témoins, de l’avant et aussi de la vie courante qu’ils mènent avec Jésus. Simplement pour manifester que la résurrection, ce vers quoi Jésus est en marche et avec lui, se construit au jour le jour. Il en est de même pour chacun d’entre nous.

La transfiguration, ce n’est pas un terme, une arrivée, mais une étape lumineuse. On a beaucoup parlé de la croix ; les exemples de la croix dans la vie sont bien évidents. On les perçoit chez nous mais aussi plus particulièrement dans la vie des autres. Mais c’est beaucoup plus difficile de trouver des moments de lumière. Ce n’est qu’après un temps de relecture qu’on peut dire qu’il y avait un moment de lumière. Les visages de découvrent tout autre, et ça c’est très commun : les disciples d’Emmaüs St Luc (ch. 5, 15-32) « notre cœur n’était-il pas tout brûlant tandis qu’il nous parlait en chemin». (Mais en chemin, ils ne l’avaient pas reconnu).

Jacob dans la Genese : toute la nuit il lutte avec quelqu’un, ce n’est pas simple ni facile. Il en ressort tout boiteux. Cela le marque à vie. Quelle est sa relation après, quand l’individu s’en va ? Vraiment Dieu était là et je ne le savais pas.
C’est aussi notre propos de pouvoir dire : « Dieu était là, et je ne le savais pas ». 
La transfiguration c’est le milieu de l’Evangile, juste après la première annonce de la passion que Jésus fait à ses disciples, une annonce qu’ils ont très mal supportée. Parler du mal et de la mort, ce n’est pas forcément bien reçu (Pierre dit : « jamais Seigneur cela ne se fera ». Jésus répond : « passe derrière moi Satan »).

Après la transfiguration, il y a une deuxième annonce de la passion. Avant et après, il se passe la même chose. C’est bien la vie qui continue. La transfiguration, c’est un moment heureux. Les disciples qui sont là (Pierre, Jacques et Jean) disent : « c’est bien qu’on soit ici au-dessus de la montagne. Dressons trois tentes, une pour Moïse, une pour Elie et une pour toi », mais Jésus n’est pas d’accord. Il leur faut redescendre de la montagne où a lieu la transfiguration et retrouver le fil de la vie ordinaire avec ses ombres et ses lumières. Dans cette vie ordinaire, Jésus continue d’être là avec eux. Encore faut-il qu’ils prennent bien conscience de ce qu’il est. La transfiguration les a-t-il éclairés à ce point ? Ce n’est pas sûr. Tant qu’on ne sera pas au matin de Pâques, ils auront encore du chemin à faire pour découvrir qui est Jésus.

Pour nous, n’y a-t-il pas des événements, des personnes qui ont été lumière pour nous, des gens qui nous ont éclairés ? Etre capable de relire ce que je vis à faveur de cet événement.
Sur la route, cette lumière que l’on découvre n’est-elle pas la lumière de la foi ?
Sur la route, ils continueront de trouver la croix, mais aussi ces instants de lumière. Il ne faut gommer ni l’une ni l’autre. Ce sont deux versants de l’existence qui construisent notre humanité. Sur la montagne, Jésus est avec 3 disciples. Ce sont des événements où nous ne sommes pas seuls. La chance d’une communauté.

C’est peut-être la chance d’être dans un mouvement, d’avoir une équipe. C’est la raison d’être du mouvement. C’est la chance d’être inséré dans une histoire. Moïse et Elie sont morts depuis longtemps, mais c’est une histoire qui est une histoire sainte. Ce qui veut dire aussi que notre histoire actuelle est aussi une histoire sainte.
Il y a tout un chemin qui nous est proposé qui est un chemin spirituel et notre vie n’est-elle pas le premier lieu spirituel que nous avons à habiter ? C’est le cœur de la foi chrétienne.
Si Dieu ne s’était pas fait homme en Jésus, nous ne serions pas là. Importance de l’incarnation, importance de la vie humaine. Dieu a tant aimé le monde. Ce n’est pas un monde rêvé, c’est notre monde tel qu’il est.
Dans notre monde, il y a cette présence qui nous est manifestée par d’autres, par des instants de lumière. Instants où cette lumière rejaillit sur les événements que nous avons vécus. Tous ne sont pas forcément totalement noirs, mais il peut y avoir cette étincelle qui éclaire tout. Comme disait St Paul, « tout est grâce », mais la grâce, faut-il encore s’arrêter pour pouvoir la nommer.

C’est aussi la chance de ce mouvement. En équipe, on s’arrête, on fait une relecture de ce qu’on a vécu, les autres apportent un éclairage sur ce qu’on a vécu. Cette relecture n’aide -elle pas à prendre une nouvelle orientation ?
Sur la montagne avec Jésus, ils étaient 5 finalement. Les autres disciples n’étaient plus les mêmes en redescendant. Ce qu’ils ont vécu les ont profondément marqués. Il leur faudra encore un temps pour percevoir la profondeur de ce qu’ils ont vécu.
N’est-ce pas là la démarche du chrétien ? Marcher à la suite de Jésus, c’est le propre du chrétien. Le chrétien est d’abord un pèlerin toujours en mouvement à la suite du Christ. On trouve toute une cohérence entre ce que nous vivons et ce que nous lisons dans l’Evangile. Les saints n’ont rien fait d’autre que de trouver cette cohérence entre l’Evangile et de ce qu’ils ont fait de leur vie. 

L’Evangile continue de s’écrire. Il y a beaucoup de gens dans le monde qui lisent la bible, très peu sont croyants. Pour beaucoup, c’est d’abord avoir un livre, un livre sacré. 
Comment dire que c’est la parole de Dieu si ce n’est dans une démarche de foi ?
Comment dire que c’est une parole de Dieu si elle ne vient éclairer notre vie et vient nous aider à avancer ? Pour arriver à dire cela, on ne peut pas le faire seul.
Il y a ce qu’on entend le dimanche dans les commentaires de l’écriture. Il y aussi des partages d’Evangile où chacun peut dire « voilà ce que ce texte veut dire pour moi ».

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